En matière de jeux, on retrouve le «rampan» des fêtes locales mais il y
a aussi les mâts de cocagne et des courses burlesques réservées aux
adolescents.
En de nombreux lieux de
la ville, des tréteaux sont installés : des artistes ambulants se
produisent avec grand succès. On joue même des farces et parfois la
comédie.
Il n'y a pas de
«ripaille» pour les fêtes du Fénétra mais un repas choisi qui réunit
autour de la table du chef de famille les enfants mariés, venus de la
grande banlieue et parfois même de plus loin.
Par contre, on n'invite
pas les cousins toulousains comme pour la fête patronale du quartier,
car ces cousins eux-mêmes invitent leur propre descendance...
Au dessert de ce repas,
tradition solide et caractéristique, on mange le «gâteau du Fénétra» où
pâte d'amande et citron donnent un parfum particulier. On retrouve
d'ailleurs ces mêmes gâteaux du Fénétra mais en format de poche sur les
lieux de réjouissance, vendus par des pâtissiers forains. On en mange
donc toute la journée…
Le passo carriero est
le grand événement des fêtes du Fénétra. Disons tout de suite qu'il ne
s'agit pas d'un défilé carnavalesque. C'est un cortège de grande tenue.
Tout ce que TOULOUSE compte de voitures défile dans les artères du
centre. Les voitures de maître aux chevaux racés côtoient les
charrettes enrubannées et décorées aux robustes percherons des
jardiniers des faubourgs.
Autour des véhicules,
les piétons en habit de fête, habit parfois différent suivant les
quartiers… C'est une parade majestueuse applaudie par un extraordinaire
public et d'une densité telle qu'un auteur du XIXème siècle a pu écrire
qu'il ne restait pas un seul toulousain dans sa maison car «tous
étaient sur le parcours du passo carriero!».
Même en ramenant cette
appréciation dictée par l'enthousiasme à de justes proportions, il n'en
demeure pas moins que cette parade obtient chaque année un succès
considérable.
Et puis, il convient
d'ajouter que les véhicules circulent avec leurs propriétaires. Aussi,
au passage, le public reconnaît toutes les personnes connues de la
ville : le maire, les haut personnages, les héritiers de noms célèbres…
Ce jour là, toutes les classes sociales sont confondues.
Mme GENLIS, dans ses
mémoires, évoque ce passo carriero en termes émus.
Présente à TOULOUSE et invitée par ses hôtes, elle assiste au défilé,
dans la foule et a été séduite par la majesté de cette parade et la
beauté des attelages, même modestes.
Les deux guerres de
14/18 et 39/45 faillirent être fatales au Fénétra. Très peu célébré
entre 1920 et 1939, la fête disparaît des calendriers toulousains à
partir de 1945.
Paul LASSERE,
secrétaire de l'Escolo Occitano avait composé le «cant del grand
Fenetra» dont voici les paroles :
Jes! Qu'un poulit
tableou!
Gaïto m'aquelos drollos,
Quand dansoun d'ambe flèous,
Dirios que van voula
Dins tout aquel sagan
L'elh me fa bimbarolos
E n'es atal cado an
Quand ven le Fenetra!
Venoun de San Subra
E de la Coulombeto,
Esquirol e Busca,
Coucuts e San Miquel,
Filhos e maï goujats
Fan tiba la cambeto;
Sisclon coumo de fats
E nous auran la pèl!
I croumparan
couquets,
I tastaren tourtieros,
Chicos e curbelets,
Boun bi, barbo a papa!
Maï te caldra paurot,
Arrapa las telieros,
Amb'aquels cacarots
Se te vos pas banda!
Vous poudets
amaga,
Gens de la mino ernhouso!
Qu'un desplasé pod fa
S'aco nous regaudis!
Nostre vielh Fenetra
Ount se manten Toulouso,
Fasque toujourn bada
De joïo les moundis!
Vaï t'escura,
farnous! E trintan la musico!
Julou grand penjolum, véjan, i cal ana!
Vaï t'escura, farnous! E trintan la musico!
A reire, pissofred, e vivo'l Fenetra!
Le
Fénétra aujourd'hui
Fort heureusement pour
la fête traditionnelle toulousaine, la municipalité accepte en 1963 que
soit redonné vie à la manifestation.
Les membres du Comité des Fêtes, à partir de là, élaborent un programme
très largement inspiré de la tradition mais adapté aux nécessités de
notre siècle exigeant. On retrouve, bien entendu l'indispensable et
essentiel passo carriero qui constitue toujours une pièce maîtresse des
fêtes.
Musiques
traditionnelles, groupes traditionnels de France et d'ailleurs le
composent. Cette parade colorée dans les principales artères du centre
ville, se termine suivant l'habitude ancienne par une aubade à la
municipalité donnée par l'ensemble des groupes depuis le Capitole.
Des spectacles d'art traditionnel qui attirent un public
particulièrement dense, prennent la place des anciens spectacles de
rues. Bien entendu, les fêtes sont ouvertes, comme autrefois, par la
mise en perce d'un barricot de vin, au cœur de la ville dans la cour
Henri IV du Capitole, par le maire de TOULOUSE.
Depuis la reprise du Grand Fénétra, TOULOUSE retrouve une fois par an,
l'âme d'un vieux pays chargé d'histoire; même si la fête n'est qu'un
élément modeste de ce passé.